Ce texte sombre, inspiré de faits historiques, a été rédigé par Maria Sternn
Ils sont venus frapper à ma porte à la tombée de la nuit. Ils n’ont pas même attendu que je fasse mon deuil. Je n’ai pas tout de suite compris de quoi il était question. Mais lorsque j’ai entraperçu le long tissu noir plissé derrière les jambes de mon voisin, j’ai cru défaillir. Il s’est finalement avancé devant moi, un livre à la main. J’ignore tout des mots, l’apprentissage de la lecture est réservé aux nobles. Je ne suis qu’une paysanne, enfin plus pour longtemps je le crains. Le choc m’a privé de ma capacité à entendre leurs paroles. Je vois leurs lèvres bouger, un grondement sourd et constant à la place des mots. Je ne peux quitter des yeux le manuscrit qu’il a entre les mains. Chacune d’entre nous, les femmes je veux dire, sait de quoi il est question lorsque l’on aperçoit la couverture de cuir usée. Malleus Maleficatum (1).
Ils m’ont posé des questions sur mon mari, mon fils, la raison de leur décès. Et puis ils m’ont demandé de quelle manière je m’étais soustraite à la mort, si j’avais employé un moyen jugé satanique par l’église. Si quelqu’un m’avait aidé, avait concouru à invoquer le Malin. Et puis ils ont parlé de ma mère. Elle était morte des années au-paravant d’une fièvre soudaine. Elle disait voir des choses et des spectres dans la nuit. Ces apparitions prenaient forme près du cimetière et devant la grande porte de l’église. Elle avait parlé d’un homme dont le bras aussi noir que le fer tenait les rênes de son cheval tandis que de l’autre il brandissait une épée. La sorcellerie se transmettait de mère en fille, ils en étaient donc arrivés à la conclusion que j’en étais une moi-même. Je n’aurais pas cru que mes voisins, mes amis et chaque habitant de mon village se seraient ralliés à ce mensonge éhonté. Et pourtant, l’air empestait la violence et la folie. Ils étaient prêts à me condamner sur des dénonciations calomnieuses et les aveux obtenus sous la torture. J’avais eu vent des procès en sorcellerie qui s’était déroulés, pas moins de vingt. Peut-être en profiteront-ils pour m’accuser aussi de la disparition du village qui jouxtait le nôtre ? Le nom d’Anna Durr sera à jamais associé à la sorcellerie et entachera la mémoire de ma famille et de ma lignée.
1 – Malleus Maleficatum ou Le Marteau des sorcières, 1486, Jacob Sprenger – Heinrich Kramer.
Maria STERNN
L’auteur de cette nouvelle a déjà publié deux romans, le premier épuisé « Loyauté Couronnée » et le second « Pour le bien de tous » dont nous avions parlé au début de l’été.
Réponse :
Il fallait trouver Balbronn,
Propriété de l’Empire, Balbronn était un village important au Moyen-âge dont l’activité principale était la viticulture. De nombreux procès en sorcellerie y ont eu lieu – le Malleus Maleficatum était le manuscrit de référence pour la conduite des interrogatoires. L’apparition mentionnée dans la nouvelle fait référence au Chevalier Hans Von Mittelhausen qui au 16ème siècle portait une prothèse mécanique en fer dont une copie est exposée dans l’église de Balbronn. Le village disparu est celui de l’Elberfortst (dénomination médiévale) ou Elmerforst qui se situait entre Balbronn et Oberhaslach et qui disparut au 16ème siècle.
Gagnant : une tirage au sort a désigné le n°3 parmi les bonnes réponses, il s’agit de « erlewein » qui remporte le lot, bravo !
Ce texte a fait l’objet d’un concours où il était possible de gagner une bonbonnière ornée d’une alsacienne, offerte par Les P’tites Bricoles de Virginie
Si je ne me trompe pas, il s’agit du veilleur de Baldeburne qui est une histoire sur Balbronn.
Je dirais plutôt WANGEN pour m’a part …. Il paraît que tout prêt de WANGEN … il y aurait un village sous les Vignes ….
Moi je pense plutôt à WANGEN … Il y a paraît t’il un village disparu tout près …
Je pense que c’est Westhoffen.
Mon ancêtre Anna Dürr née Wintz, mariée 3 fois, a été condamnée à être étranglée puis brûlée pour cause de sorcellerie.
Pour le sujet du texte, j’hésite entre 2 de ses filles:
Madeleine Dürr (Doerr) ou Marguerite Schneider.
Le village disparu pourrait être celui de Schanlit qui faisait partie de la paroisse de Wangen.
Je pense à Westhoffen
je dirais rouffach
merci de nous faire connaitre des auteurs méconnus merci et bonne chance a tous
Bonjour, je pense qu’il s’agit de Balbronn. Bonne journée.
Je pense comme patrick, qu il s agit de balbronn…bravo virginie pour ton implication, chapeau bas marielle
Je pense qu’il s’agit du village de Balbronn et le village disparu pourrait être celui de la clairière de l’Elmerforst où subsistent les vestiges d’une chapelle.
La main de fer du chevalier de Mittelhausen dont une copie se trove dans l’église fortifiée de Balbronn me conforte dans ma réflection.
Il s’agit peut être de Balbronn. Bonne journée.