Les plus anciens d’entre nous se souviennent-ils encore de leurs premiers vélos qu’on disait « de course ». Le mien était de la catégorie « randonneur ». Je l’ai encore (1). C’était dans les années cinquante. Jean Robic, avec son casque à boudins, gagnait encore des courses. Ces vélos cadre acier ou duraluminium se feraient appeler aujourd’hui: « oldtimers ». Souvenez-vous, vous les anciens, de leur équipement. Accrochée à l’arrière sous la selle, une petite sacoche cuir recueillait rustines, seccotine et démonte-pneu.
Une pompe, avec petit tube caoutchouc intégré, s’étirait sous le tube horizontal. Mes baskets prenaient place sur des pédales avec lanière. Pour changer de vitesses, 4 ou 5 pignons au maximum garnissait le moyeu arrière. Il fallait un bon doigté pour éviter que la chaîne gratouille les dents du pignon.
Le grand luxe c’était le double plateau à l’avant. Pour passer du grand au petit ou réciproquement, je manipulais avec dextérité la manette fixée sur le tube de selle. Pour alimenter la lampe à lumière blanche à l’avant et le feu rouge à l’arrière, il fallait une dynamo efficace fixée sur le hauban. Elle frottait sa petite roue du dessus sur le pneu. Certains préféraient l’alternateur fixé sous la boîte de pédalier. Sous le feu rouge arrière luisait un catadioptre. Pour la sécurité, les freins type cantilever étaient rassurants. N’oublions pas le cuissard. Dans son fond était cousue la bonne vieille peau de chamois, la vraie. Ce cuissard frottait une selle avec cuir véritable qui avec le temps se moulait parfaitement à notre anatomie. Cette selle en cuir devait être bien protégée de la pluie. Régulièrement je la nourrissais d’une graisse de bœuf adaptée.
Grâce à toutes ces antiquités, certains d’entre nous ont réussi de magnifiques périples. Alors en ce début de 21ème siècle, lorsque vous changerez de montures, ne mettez pas trop vite vos « carbones » d’aujourd’hui à la retraite, ne les jetez pas. Les actuels bébés, futurs cyclistes des années 50, 2050 naturellement, en feront leurs antiquités.
Aujourd’hui, je peux encore vous montrer mon antiquité des années cinquante, je veux dire 1950.
« Du vécu que du vécu »
Jacques REISZ
1- Randonneur Peugeot reçu à Noël1953 par Jacques pour aller au
Collège (Cour complémentaire): 15 km/A-R/jour
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