Après 23 ans d’activité, le domaine viticole d’Etienne Loew continue de s’inscrire dans une dynamique de développement avec les ingrédients qui ont fait son succès : biodynamie et souci permanent de la qualité (qu’il s’agisse du vin ou des méthodes de travail). Nous avons interviewé Etienne Loew pour comprendre cette évolution et en savoir plus sur ses projets d’avenir.
Quelles sont les dernières actualités du domaine Loew ?
Dernièrement nous avons remis en vigne des terrains achetés il y a longtemps et dont personne ne voulait car difficiles d’accès et très pierreux. Un tel aménagement est extrêmement cher et il faut aussi tenir compte des limites imposées par la réglementation européenne et des quotas de plantation de la vigne définis pour chaque pays. Tenir compte de ces paramètres implique un agrandissement des parcelles plutôt progressif à coup de 10, 15 ou 20 ares. On ne peut pas planter n’importe où !
Comment s’annoncent les Vendanges 2019 ?
Le cycle de la vigne a commencé avec un mois d’avance mais le temps froid nous a bloqués cette avance. Nous ne serons donc pas en millésime précoce mais plutôt en millésime normal, ce qui n’est pas dérangeant. En tant que vignerons, on sait qu’un millésime précoce n’est pas forcément un grand millésime et un tardif n’est pas du tout un petit millésime. Tout va se jouer 5 semaines avant les vendanges. C’est la période du 15 août qui fera la qualité du millésime. L’an dernier par exemple était une excellente année.
Vos vins sont très présents dans les restaurants haut de gamme. Est-ce un choix délibéré ?
On a toujours été bien distribués sur les belles tables mais cela n’a jamais été un choix. Il y a 20 ans, les restaurants classiques dénigraient la viticulture du nord Bas-Rhin et préféraient se fournir dans le Haut-Rhin dont l’image leur semblait plus rassurante. Les seuls qui m’ont ouvert leurs portes, sans préjugés, ont été les “belles tables” (après avoir testé la qualité de mes échantillons bien sûr).
Et aujourd’hui c’est toujours le cas apparemment
Oui car, si je peux vous donner quelques exemples, nous sommes distribués dans des établissements comme : Les Funambules à Strasbourg, Le cheval blanc à Lembach, Le Cerf à Marlenheim, Le boeuf rouge à Niedershaeffolsheim, une bonne partie des Ducasse à Paris, le Water Inside à Londres (ex Fat Duck)…Evidemment, que ceux que je ne cite pas ne se vexent pas pour autant ! Je suis fier de la confiance que m’apportent tous les restaurateurs avec qui je travaille. J’aimerais d’ailleurs ajouter que nous sommes ouverts à tous ceux qui souhaitent défendre les vins d’Alsace et à toute table qui fait “réellement” de la cuisine.
Très bien, mais proposer vos vins à ce public n’implique-t-il pas un prix un peu plus élevé que la moyenne ?
Je reconnais que sur les prix, nous nous situons un peu au-delà de certains autres viticulteurs mais après, tout est question du rapport qualité-prix recherché par le restaurateur. Dans la profession, nous avons plutôt une image de très bon rapport qualité-prix et sommes régulièrement invités à augmenter nos tarifs nettement plus que ce que nous avons fait ces dernières années. En même temps nous tenons à nos clients et souhaitons éviter de les choquer en augmentant trop rapidement.
Et d’où viennent vos clients aujourd’hui ?
Ils viennent souvent après avoir goûté notre vin lors d’une dégustation ou d’un repas au restaurant. Les guides consacrés au vin ont également leur importance de par leur dimension internationale et leurs critères d’évaluation qui touchent à l’ensemble du domaine Loew (qualité du travail, éthique…).
Pour finir, nous avons beaucoup de touristes mais, malheureusement, ces derniers ne peuvent être hébergés plus longtemps que le temps de la dégustation à Westhoffen (les gîtes et les chambres d’hôtes sont hélas en nombre insuffisant). Je rêverais d’une structure comme Lotel à Oberhaslach qui conjugue hôtellerie et restauration type bistronomique pour des tarifs abordables et un cadre magnifique !
Avez-vous constaté une évolution de votre clientèle au cours des dernières années ?
En ce moment j’’identifie deux styles de consommateurs :
• Une clientèle de connaisseurs qui vient spécialement (parfois de loin) pour déguster et échanger sur nos produits.
• Une clientèle un peu plus intéressée par le cadre “authentique” et la démarche du vigneron (bio-biodynamie) que par ses produits. Cela nous amène à endosser un rôle d’animateur parfois pendant pendant plusieurs heures pour vendre assez peu de bouteilles au final.
Nous savons que vos vins se vendent également à l’étranger. Comment cela évolue-t-il ?
Nos 2 plus gros marchés sont le Japon et le Canada. D’ailleurs, l’export se développe de plus en plus suite à la levée de certaines taxes à l’importation au niveau européen. Ceci dit, la part d’export ne dépasse pas 40% de notre production.
Quels millésimes vendez-vous en ce moment ?
2018, est un millésime relativement facile car nous avons eu de l’eau en hiver pour rattraper le gros déficit de 2017 (hyper sec). La floraison s’est bien passée, peu de maladies, des conditions de récolte optimales. On a même rentré des raisins un peu trop riches, trop mûrs…nous aurions même pu les rentrer plus tôt. Les fermentations se sont enclenchées plutôt facilement. Actuellement nous avons encore pas mal de vin en fermentation et il faudra attendre le moment venu pour le mettre en bouteille … soit avant les vendanges, soit l’année prochaine, nous verrons !
Prévoyez-vous de développer de nouvelles cuvées ?
Nouveauté ne serait sans doute pas le mot juste mais depuis quelques années nous travaillons sur un vieux cépage typiquement alsacien/rhénan : le Sylvaner rouge
Il n’avait pas été clairement autorisé dans les décrets d’AOC mais nous l’avons remis en plantation et il nous permet de faire une cuvée en sylvaner rouge issu de macération. Nous faisons partie des 4 domaines en Alsace à le replanter et à le valoriser. Cela nous amène à une réflexion sur l’avenir des vins d’Alsace et à l’intérêt de valoriser d’autres anciens cépages de la région qui ont été oubliés. J’ai bon espoir que dans les années à venir, nous verrons apparaître de nouveaux vins de table issus de ces cépages et qui, sans faire de l’ombre aux AOC, deviendront un élément de plus pour activer les ventes de vins d’Alsace.
Toujours en bio chez Loew ?
Evidemment ! À ce propos, j’aimerais ajouter que lorsque vous voyez un tracteur avec un pulvérisateur, tout n’est pas forcément que du chimique. Les vignerons bio et biodynamiques sont aussi obligés d’utiliser la bouillie bordelaise, du soufre et des tisanes pour protéger leurs vignes. Par exemple, je suis passé dernièrement dans mes vignes avec un mélange soufre-cuivre-tisane d’osier et tisane d’orties et à ma grande surprise, 2 personnes qui se trouvaient là ne se sont pas éloignées comme n’importe qui l’aurait fait. Sans doute était-ce parce que sur mon pulvérisateur j’avais collé un autocollant géant “je traite bio” afin d’informer et de limiter les protestations des éventuels promeneurs.
C’est fou de voir qu’il y a encore 12 ans, il nous fallait minimiser la communication sur nos méthodes de travail car le bio était encore mal perçu et catalogué “vignerons fainéants, sales ou drogués”. Depuis 5 ans, la situation s’inverse et il est agréable de voir que le bio se normalise peu à peu.
Domaine Loew
28 rue Birris à Westhoffen
Site internet : http://www.domaineloew.fr
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