« A défaut de changer le monde, il faut au moins le décrire ». Cette devise du cinéaste R.W. Fassbinder, Gabriel Schoettel l’a faite sienne depuis qu’il écrit. Il en a même fait l’exergue de son dernier roman Le mariage de Lamy-Fritz. Pour un habitant de la cité où Fritz Kobus épouse, tous les 15 août depuis 43 ans, Suzel, le titre ne manque pas d’intriguer. Et de provoquer. L’histoire se déroulerait-elle à Marlenheim ?
Schoettel en veine policière
Certes non. C’est à Wintzenhausen, 1000 habitants, 200 hectares de vignes. Là se tient le Festin du Hans im Schnokenloch, avec son défilé folklorique, ses stands, ses dégustations, ses intrigues. Avant, après, ou pendant la fête, on découvre, dans ce village si paisible – et particulièrement dans son vignoble – un trafic de drogue, des rivalités et coups bas, des balades dans les vignes, la politique communale, l’opposition entre viticulture traditionnelle et celle en bio-dynamie, une union commerciale, des messages énigmatiques, les vertus du célibat et la surprise d’un mariage, les ravages de l’alcoolisme…
On l’a compris, le douzième roman de Gabriel Schoettel est un roman policier. Avec tous les ingrédients et codes du genre : des crimes, des méfaits, du mystère et des mystères, une enquête, un criminel, une résolution. Mais, comme dans Régime crétois, un précédent policier de notre auteur, c’est plus l’atmosphère, la psychologie, l’environnement, qui seront mis en avant, que la collecte d’indices. Plutôt Simenon qu’Agatha Christie.
Eternel cadre alsacien
Le héros, ou plutôt l’anti-héros du roman, est Valentin Schwartzenberger. Vieux professeur proche de la retraite, celui-ci est trop gros, trop maladroit, trop pataud pour découvrir seul la vérité autrement que par hasard. Autour de lui l’aident, le contrent ou l’observent des vignerons, une journaliste, une lycéenne, une collègue, un commercial, un élu… et sa chienne !
Alors, ce village si paisible ( c’est le titre d’un précédent roman de Gabriel Schoettel) où on finit par s’entre-tuer, ce Wintzenhausen qu’on cherche en vain sur une carte, où est-il ? Sans doute partout ! Car de même que le festin du Hans im Schnokeloch peut autant rappeler le Mariage de l’Ami Fritz que la Fête des Cerises, de même Wintzenhausen renvoie à tous les villages d’Alsace – et sans doute d’ailleurs. Car le roman policier, pour Gabriel Schoettel, comme pour la plupart des romanciers contemporains, est une autre façon de raconter les problèmes de société, un outil d’exploration du réel et une mise à nu de ses mécanismes.
Ainsi, le prolifique auteur des Nuits Théâtrales de Marlenheim (12 pièces depuis 1993), le romancier qui publie là son douzième roman, ne fait que poursuivre un dessein mûrement réfléchi : dire le monde tel qu’il est. On pourra l’écouter présenter son roman le mercredi 6 avril à 20heures, au caveau de l’hôtel de ville de Marlenheim. Et bien sûr le rencontrer au salon du livre de la même ville les 16 et 17 avril. Son roman sera disponible en librairie à partir de mi-mai.
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