Saurez-vous découvrir de quel village est inspirée cette nouvelle ?
J’avance à pas feutrés, comme si faire du bruit risquait de réveiller quelqu’un ou quelque chose. Dans l’obscurité, l’esprit se laisse plus facilement aller à l’imaginaire et au surnaturel. Les branches des arbres craquent sous mes pieds et la pluie laisse une odeur d’humidité qui emplie mes narines. Je n’aurais pas dû sortir si tard. Si mon père l’apprend je serais à coups sûr privée de sortie jusqu’à mon mariage. Le bal était pourtant magnifique. Mais à présent que je suis perdue au milieu de la forêt, mon escapade de cette nuit ne me semble plus être une si bonne idée qu’il y a quelques heures.
Heureusement pour moi, les rayons de la pleine lune éclairent un chemin que je devine parmi les branches entremêlées. J’ai froid, je suis fatiguée et je guette désespérément la flamme d’une bougie ou une quelconque lueur qui m’indiquerait que je suis proche de chez moi. J’avais si peur d’être en retard que j’ai préféré traverser par les champs. Sauf que j’avais oublié que derrières les vignes et les collines, il me fallait traverser une épaisse forêt. Je sens les premiers élans de panique cogner dans ma poitrine. La pluie s’infiltre le long de mon dos et me glace le sang. L’air s’est rafraichi même si nous ne sommes qu’aux premiers jours du mois d’avril. Au moment où je me dis que je ne vais jamais retrouver mon village, j’aperçois une cabane de chasse quelques mètres en contrebas. Je m’y précipite pour gravir l’échelle et scruter l’horizon à la recherche d’une silhouette familière mais dans la nuit, toutes les formes se fondent en un relief commun. Je pousse un long soupir. Et c’est en cet instant précis où j’abandonne tout espoir que je l’entends retentir.
Le beffroi sonne dans la nuit. Il est 22 heures. J’identifie sans mal d’où proviennent les sons de la cloche d’argent. Je suis si près que c’en est risible. Je ne sais combien de temps me prend cette traversée mais je parviens sur les hauteurs de mon village où seule une lumière brille dans l’obscurité. Je sais avec certitude qui se trouve derrière ces fenêtres éclairées. Cet homme charismatique et pieux, le Rabbin Kahn à qui il arrive de veiller jusqu’à 2 heures du matin pour prier pour sa communauté, la « petite Jérusalem ». Je suis si heureuse d’être chez moi que je tombe à genoux en sanglots. Jamais plus je le jure devant Dieu je ne m’aventurerai dans la forêt, seule et à la nuit tombée. L’histoire m’a fait tenir cette promesse, quatre mois plus tard, la première guerre mondiale était déclarée.
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Westhoffen 🙂
oui, je pense aussi Westhoffen. Jolie photo.
et beau texte, bien sûr!
Oui westhoffen aussi avec le beffroi qui sonne à 22h et la communauté juive présente avant la guerre
N’y a-t-il pas confusion ? Maria Sternn aurait entendu la cloche (pas d’argent) du beffroi (“Stadtgloeckelturm”) qui l’aurait sauvé. Et suite à cet épisode, reconnaissante, elle aurait offert une cloche d’argent (“Silvergloeckel”) à la communauté villageoise.
http://www.westhoffen.net/le-beffroi-ou-stadtelglockelturm-mobiles/