Samedi 17 juin 2017 20h30 – Concert gratuit (Dans la limite des places disponibles)
Truchtersheim – Église Saints Pierre et Paul (rue de l’Église)
Les vents de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg à l’honneur ! Belle idée d’associer Mozart à Richard Strauss qui fut, en sa qualité de chef d’orchestre, l’un des plus éminents mozartiens de son époque. L’œuvre de jeunesse qu’est la Suite pour instruments à vent en si bémol majeur opus 4 côtoiera le chef-d’œuvre absolu qu’est la Gran Partita. Partition majeure pour les instrumentistes, elle porte aussi une vision humaniste de la musique.
Michael Werba direction et basson
Camerata des vents de l’OPS
Richard Strauss (1864-1949)
Suite pour instruments à vent en si bémol majeur opus 4
Praeludium : Allegretto
Romanze : Andante
Gavotte : Allegro
Introduction et Fugue : Andante cantabile – Allegro con brio
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sérénade K. 361 en si bémol majeur, dite Gran Partita
Largo (Molto allegro)
Menuetto – Trio primo – Menuetto – Trio secondo – Menuetto
Adagio
Menuetto (Allegretto) – Trio primo – Menuetto – Trio secondo – Menuetto
Romance (Adagio – Allegretto)
Tema con variazioni. Andante
Finale (Molto allegro)
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Richard Strauss
Suite pour instruments à vent en si bémol majeur opus 4
Au début de sa longue vie créatrice, Richard Strauss compose deux œuvres pour ensemble d’instruments à vent : la Sérénade opus 7 et la Suite opus 4. À la fin de sa vie, il marquait à nouveau son intérêt pour cette formation et laissa deux partitions, les Sonatines opus 135 de 1943 et opus 143 de 1945, qui font partie au même titre que le Concerto pour hautbois, les Vier letzte Lieder ou les Métamorphoses, de son chant du cygne.
C’est en 1881 que Strauss, alors âgé de 17 ans, composa la Sérénade opus 7, qui fut créée, le 27 novembre 1882 à Dresde sous la direction de Franz Wüllner. L’éditeur envoya la partition au célèbre chef d’orchestre Hans von Bülow qui la programma à l’occasion d’une tournée de son Orchestre de la cour de Meiningen. Par la suite, il lui commanda la Suite en si bémol opus 4 que Strauss termina en septembre 1884 et qu’il dédia à Ludwig Thuille. À la fin du mois d’octobre, Hans von Bülow décida que l’œuvre serait créée le 18 novembre suivant sous la direction de son compositeur. On comprend l’embarras du jeune Strauss qui n’avait jamais dirigé en public un orchestre : J’ai dirigé ma pièce dans un léger brouillard ; tout ce dont je me souviens, c’est de ne m’être pas ramassé. Mais à part ça, je ne saurais dire de quoi cela avait l’air.
Bülow conseilla à Strauss d’envoyer sa partition à Brahms par l’intermédiaire du premier cor de l’Orchestre de Meiningen qui écrivit : « Quand il m’a rendu votre Suite, Herr Brahms a dit beaucoup de bien de votre œuvre, bien qu’il y ait cherché vainement la veine mélodique qui devrait être débordante à votre âge. »
En quatre mouvements, l’œuvre est écrite pour deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, quatre cors et un contrebasson. Le Prélude qui ouvre la suite a un développement très court, encore plus court que celui de la Sérénade opus 7. Néanmoins, son matériau, qu’il soit rythmique ou thématique, joue un rôle important tant au début que dans la coda. Le premier thème de la Romance s’apparente à une fanfare pour cor, tandis que la clarinette et le hautbois exposent le second. Qui ne sera pas séduit par le charme et le rythme vif de la Gavotte ? C’est un rappel du second thème lyrique de la Romance qui introduit le dernier mouvement. Une Fugue complexe et minutieusement construite s’enchaîne à cette Introduction. Plus tard, Richard Strauss dira de son Opus 4 : « Heureux temps de ma jeunesse, où je pouvais encore travailler sur commande. »
Wolfgang Amadeus Mozart
Sérénade en si bémol majeur K.361, dite Gran Partita
Dans son autobiographie, le compositeur Johann Friedrich Reichardt (1752-1814) , note qu’à Vienne où il était en voyage en 1783, la musique pour harmonie était pratiquée avec un haut degré de perfection. L’année précédente, Joseph II avait doté la capitale impériale d’un octuor à vents chargé de pourvoir la cour d’œuvres nouvelles destinées au plaisir ou à des circonstances officielles. Cet octuor se composait de deux hautbois, deux clarinettes, deux cors et deux bassons. De nombreux aristocrates suivirent rapidement l’exemple de l’Empereur et créèrent des ensembles comparables. Sous le nom d’Harmoniemusik, ces formations de divertissement musical connurent une vraie popularité au cours des années 1780 et 1790.
En juin 1781, Mozart, libéré de ses fonctions auprès de l’archevêque Colloredo, s’installe à Vienne et débute une carrière de compositeur indépendant. La richesse de la vie musicale et intellectuelle le stimule et, entre 1781 et 1786, il écrira un nombre important d’œuvres nouvelles. Cette profusion est probablement due à sa rencontre avec le baron Gottfried van Swieten (1733-1803) et à ses liens récents avec la franc-maçonnerie.
Si la sérénade désigne la chanson qu’un amant fredonne à sa bien-aimée à la tombée de la nuit sous ses fenêtres, elle devient par la suite une composition instrumentale destinée à être jouée le soir, en public et en plein air, pour honorer une personnalité. Pensez à la Sérénade Haffner K. 250 !
Au cours de ses premières années viennoises, Mozart en compose trois pour instruments à vent. En octobre 1781, la Sérénade n°11 en mi bémol majeur pour deux clarinettes, deux cors et deux bassons K. 375. L’année suivante, il ajoute deux hautbois. Puis la Sérénade en ut mineur K. 388 pour la même formation qui, sera ensuite arrangée en quintette à cordes (K. 406) et la Sérénade en si bémol majeur pour douze instruments à vent et contrebasse (ou contrebasson) K. 361.
Il n’est pas facile de dater avec précision la composition de cette dernière. Le manuscrit autographe porte la date de 1780 mais l’écriture n’est pas de Mozart tout comme le titre de Gran Partita, probablement ajouté par un inconnu quand la partition fut finalement reliée. L’analyse du papier à musique permet de supposer une composition soit au cours des années 1781 et 1782 soit en 1784. En tout cas, une première exécution quoique incomplète eut lieu au Burgtheater le 23 mars 1784 lors d’un concert d’Anton Stadler, ami du compositeur, pour lequel il composera plus tard le Quintette K. 581 et le Concerto pour clarinette K. 622. Un critique Johann Friedrich Schink (1755-1835) écrit dans ses Mémoires : « J’ai entendu aujourd’hui une musique pour instruments à vents de Herr Mozart, en quatre mouvements. Elle consistait en treize instruments, soit quatre cors, deux hautbois, deux bassons, deux clarinettes, deux cors de basset, une contrebasse, et à chaque instrument se tenait un maître. L’effet fut glorieux et grand, excellent et sublime ! »
« Œuvre maîtresse de la maturité mozartienne, la Gran Partita subjugue par la richesse de ses combinaisons instrumentales, la constante inventivité et l’élégance de son écriture mélodique, la variété des atmosphères qu’abrite chacun des sept mouvements. » (Gilles Saint-Arroman)
La Gran Partita débute par un Largo dont l’introduction lente et grave fait songer à une cérémonie maçonnique. Puis l’Allegro molto détend quelque peu l’atmosphère d’un mouvement qui avoue une dimension symphonique. Le Menuet suivant renoue avec l’esprit de la sérénade de plein air. Si le premier trio « met en valeur les sonorités chaudes des clarinettes et des cors de basset », le second est résolument tragique. L’Adagio est le mouvement le plus poignant de l’œuvre. Il se distingue « par la solennelle beauté de sa ligne mélodique, mais également par le jeu de relais entre les différents timbres instrumentaux, tant au plan de la mélodie principale et de ses ramifications fragmentaires qu’à celui de l’accompagnement. » Le second Menuet réaffirme le sens général du premier, même si le premier trio crée une rupture violente avec l’esprit badin. Toutefois, le deuxième trio revêt un caractère populaire et s’apparente à un ländler à trois temps. La Romance a une forme ABA avec une partie centrale sombre et agitée. Le thème bucolique du mouvement suivant est présenté par la clarinette. Il est suivi de six variations spirituelles, ironiques, rêveuses, mélancoliques et rustiques. C’est un Finale tout en allégresse qui conclut la Sérénade K. 361.
Orientations bibliographique
Le lecteur pourra satisfaire sa curiosité en consultant les ouvrages suivants :
Mozart, Jean et Brigitte Massin, Fayard
Dictionnaire Mozart, Robbins Landon, JC Lattès
Strauss, Michael Kennedy, Fayard
Orientations discographiques
Strauss Suite pour instruments à vent en si bémol majeur opus 4
● Netherlands Wind Ensemble, Edo de Waart [Decca]
● Ensemble Villa Musica [MDG Gold]
Mozart Sérénade en si bémol majeur K.361, dite Gran Partita
● Harmonie de l’Orchestre des Champs Elysées, Philippe Herreweghe [Harmonia Mundi]
● Vents de l’Orchestre philharmonique de Berlin, Karl Böhm [Deutsche Grammophon]
● Orpheus Chamber Orchestra [Deutsche Grammophon]