Elle est à toi, cette chanson.
La campagne, sujet aussi vaste que difficile. Ou peut-être est-il difficile parce qu’il est vaste. Non, c’est nul comme introduction. De tout temps et en tous lieux… C’est encore pire. Que dire sur la campagne ? Parler du plan d’eau ? Non, c’est une mauvaise idée en hiver. En plus, le ciel est gris aujourd’hui, ça ne m’inspire vraiment pas. Reprenons les bases : qu’est-ce que « la campagne » pour moi ?
Après avoir passé de longues minutes à regarder l’écran de mon ordinateur (l’angoisse de la page blanche n’a jamais été aussi lumineuse qu’à notre époque), la réponse est venue d’elle-même. Elle était là, sous mes yeux, contenue dans la question. Une base, voilà ce qu’est la campagne. Une base… ma base, l’endroit d’où je viens et où je vais pour me ressourcer, me retrouver, être plus simple. Dans la foulée, je délaisse le bureau pour m’installer près du poêle à bois, armé d’un cahier et d’un crayon.
« C’est quelque chose de revenir chez soi. C’est le même cadre, la même odeur, la seule chose qui ait changé, c’est vous. » avait dit Benjamin Button dans le film éponyme. Comme un écho au papier du mois dernier, sur le silence, le rythme et la lenteur, je vous parle de pourquoi je retourne chez moi. « Chez moi ».
On ne peut pas réduire son « chez-soi » à la somme des moments vécus, des lieux qu’on a fini par connaître par cœur à force de les arpenter, ou encore des gens qu’on a côtoyés là-bas. Nos villages sont bien plus que la pile de vieilles affaires qui traînent chez nos parents ou grands-parents. Quels que soient les lieux dans lesquels nous grandissons, ils nous marquent et nous forment. Nos goûts, nos envies, nos espoirs et nos désespoirs y sont nés. Notre personne s’y est construite. Elle peut évoluer, certes, mais les motifs qui nous composent auront les teintes de notre enfance. « Le même cadre […], la seule chose qui ait changé, c’est vous. » On change, oui, mais n’est-ce pas rassurant de retourner en terrain connu pour s’oublier un temps ? Faire partie du décor comme si nous ne l’avions jamais quitté ? C’est comme être emmitouflé dans sa couverture préférée en écoutant sa vieille chanson favorite, celle qu’on écoute depuis qu’on est gamins. Dans son caractère immuable, la campagne a, pour moi, le même effet que l’Auvergnat de Brassens, elle m’apporte calme et sérénité.
Le feu qui crépitait quand j’étais gosse n’était peut-être rien qu’un feu de bois, mais il m’avait chauffé le corps, et dans mon âme il brûle encore, à la manière du poêle à côté de moi.
Jeremy Urban
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